Conseil québécois du théâtre
Décryptage des réponses des partis politiques québécois au questionnaire du CQT au sujet de leurs engagements en culture
26 septembre 2022 | PARTAGER :        

Par Éric Dussault - Responsable des stratégies politiques et de la recherche

 
Les réponses de la Coalition avenir Québec à notre questionnaire électoral sont un mélange de réalisations antérieures, depuis son accession au pouvoir il y a quatre ans (que nous n’avons pas retenues ici, nous nous sommes plutôt concentrés sur les engagements à venir du parti actuellement au pouvoir), et de propositions visant à obtenir un second mandat de la population québécoise.
 
Questionnée au sujet de la pérennisation des fonds d’urgence octroyés au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) pour soutenir le milieu culturel pendant la pandémie de COVID-19, ainsi que l’augmentation du budget annuel du CALQ, la CAQ répond qu’elle « continuera de soutenir avec vigueur la culture québécoise. La culture québécoise doit continuer d’être bien appuyée, pour que nos créateurs et nos artistes continuent de contribuer à notre fierté nationale ».
 
En ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre dans le milieu culturel, la CAQ affirme être « très sensible à cet enjeu ». Elle rappelle qu’elle bonifiera de 29 M$ son soutien à la mission et son soutien à la programmation spécifique, tel que cela est prévu jusqu’en 2025, ce qui permettra « la mise sur pied de mesures visant notamment à favoriser la rétention de talents pour les arts de la scène ».
 
Afin de contrôler l’inflation galopante actuelle et son impact négatif dans le secteur des arts et de la culture, la CAQ écrit : « Nous continuerons d’aider les Québécois, tout en assurant une gestion prudente et responsable des finances publiques. » La CAQ rappelle par ailleurs que deux sorties culturelles gratuites seront offertes chaque année à chaque élève, « un investissement additionnel de 25 M$ par an qui bénéficie au secteur culturel québécois ».
 
Lorsque l’on demande à la CAQ ce qu’elle prévoit faire afin d’améliorer le sort et la reconnaissance des artistes et des travailleur.euse.s culturels québécois, elle répond qu’elle a annoncé une hausse des honoraires des artistes et écrivains qui participent au programme La culture à l'école : « Les honoraires des artistes et écrivains passeront de 325 $ à 515 $ par jour, soit une augmentation de plus de 58 %, et ce montant sera indexé de 2 % par année jusqu'en 2025-2026 ». La CAQ fait aussi référence à la nouvelle Loi visant à moderniser et à harmoniser les règles relatives au statut professionnel de l’artiste adoptée cette année et à sa Politique culturelle rendue publique au cours de son premier mandat.
 
Finalement, lorsqu’il est question de la relation étroite qui relie le milieu théâtral et le milieu scolaire, la CAQ écrit : « Nous allons également continuer d'explorer des moyens de diversifier et d’innover en matière d’intégration de la culture, notamment de la culture québécoise, dans le parcours éducatif ».
 


 
Selon le Parti libéral du Québec, la culture est importante en raison de sa valeur économique : « Il faut investir davantage dans la culture car il s’agit d’un investissement payant. La culture est un formidable vecteur économique pour les villes et les régions. […] la culture unit les gens. Nous sommes donc déterminés à la soutenir financièrement ».
 
Un gouvernement libéral élu le 3 octobre prochain créerait donc « un nouveau fonds dédié à la culture et aux médias ». Ce fonds serait financé par les géants du numérique (GAFAM) qui ne déclarent pas leurs revenus au Québec : ils se feraient imposer une « taxe temporaire de 3 % » sur leur chiffre d’affaires.
 
En raison des impacts catastrophiques de la pandémie de COVID-19, le PLQ estime qu’il faut tenir « des états généraux sur les arts vivants » afin de dresser « un portrait clair des besoins et des perspectives d’avenir ». Cela déboucherait sur « un plan spécifique de soutien aux arts vivants » qui ne serait pas que financier, mais aussi psychologique « lorsque nécessaire ».
 
La place grandissante du numérique, de même que la relève et la diffusion culturelle dans les régions, sont aussi des préoccupations libérales. Quant à l’impact négatif de l’inflation sur le budget familial ou individuel réservé aux sorties culturelles, le PLQ compte le réduire en procédant à des baisses d’impôts pour la classe moyenne, en offrant un congé de taxes de vente sur les produits essentiels et une bonification du crédit d’impôt de solidarité pour les plus démunis. Selon le PLQ, les familles québécoises disposeraient de 5000$ de plus annuellement grâce à ces mesures. Pour leur part, les aînés de plus de 70 ans recevraient une allocation annuelle de 2 000$.
En ce qui concerne la relation précieuse qu’entretient le milieu du théâtre avec la jeunesse québécoise, le PLQ estime que les visites des jeunes d’âge scolaire au théâtre sont « une excellente mesure et qu’il faut la maintenir, voire la bonifier ».
 
Enfin, si la pandémie devait revenir en force cet automne, le PLQ offrirait des mesures d’aide financière élaborées en collaboration avec les acteurs du milieu culturel.
 


 
Le Parti québécois, s’il accède au pouvoir le 3 octobre prochain, s’engage à pérenniser les fonds d’urgence octroyés au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) pour soutenir le milieu culturel pendant la pandémie de COVID-19. En ce qui concerne l’augmentation du budget annuel du CALQ, le PQ se dit « ouvert » à cette idée.
 
Au sujet de la pénurie de main-d’œuvre, le PQ s’engage « à créer un véritable statut d’emploi pour nos travailleurs culturels (inspiré du programme de l’intermittence du spectacle, en France) pour que chaque travailleur du milieu culturel ait un statut reconnu, qui ne soit plus celui de travailleur autonome ». Les travailleurs culturels auraient ainsi accès à un système d’assurance-emploi, ajoute le PQ, ce qui leur donnerait « une plus grande stabilité de revenus » et les protégerait « durant leurs périodes moins occupées, ou en cas d’imprévu ». C’est cette grande stabilité, écrit le PQ, qui permettrait « d’attirer et de retenir des travailleurs dans l’ensemble de l’industrie ».
 
Afin de rendre le théâtre plus accessible, dans le contexte actuel d’inflation élevée, le PQ offrirait « un passeport culturel de 100 $ à tous les jeunes du secondaire et du collégial, ainsi qu’à tous les nouveaux arrivants ». L’objectif de cette mesure est de leur permettre « d’entrer en contact avec la culture québécoise, entre autres avec le théâtre ».
 
Pour diminuer les effets négatifs de l’inflation sur les dépenses culturelles des Québécois.e.s, ceux et celles qui gagnent moins 50 000$ se verraient offrir « une allocation pouvoir d’achat de 1200 $ ». Celle-ci serait de 750$ pour celles et ceux qui gagnent de 50 000$ à 80 000$. Cela permettrait aux Québécois.e.s les moins fortunés, écrit le PQ, de « maintenir leur niveau de vie » et de « continuer à avoir accès à la culture ».
 
Finalement, au sujet d’une hausse possible des cas de COVID-19 cet automne, un gouvernement du Parti québécois soutiendrait « en juste proportion les mesures sanitaires prises » et accorderait « une attention particulière aux artistes de la relève ».
 


 
Québec solidaire promet d’être « un gouvernement sensible et à l’écoute des besoins du milieu artistique et culturel » s’il est porté au pouvoir le 3 octobre 2022. Le cadre financier de QS prévoit d’ailleurs « un financement accru et stable des arts et de la culture au Québec ».
 
Le parti s’engage aussi à̀ « développer un modèle de sécurité́ de revenus pour les artistes et les travailleuses et travailleurs autonomes de ce milieu », à augmenter le financement du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), de même que celui de la Société́ de développement des entreprises culturelles (SODEC). D’autre part, une fois au pouvoir, QS « obligerait » les bailleurs de fonds « à consacrer une proportion des bourses et subventions de création aux artistes de la relève ». Les centres culturels et les organismes culturels régionaux, ainsi que les municipalités, bénéficieraient d’un accroissement de leurs budgets.
 
QS veut offrir aux élèves et aux étudiants quatre sorties culturelles gratuites par année. Le parti dit aussi souhaiter « mettre en place les meilleures mesures pour soutenir nos artistes, ainsi que l’ensemble des travailleurs et des travailleuses du milieu culturel québécois » si la pandémie de COVID-19 devait à nouveau porter atteinte à la bonne santé financière des organismes culturels québécois.
 



La coprésidente du Conseil québécois du théâtre (CQT), Rachel Morse, ainsi que le responsable des stratégies politiques et de la recherche au CQT, Éric Dussault, ont eu une discussion virtuelle, le 23 septembre 2022, avec la porte-parole du Parti conservateur du Québec en matière de culture, Anne Casabonne. Plutôt que de compléter le questionnaire électoral par écrit, une discussion de vive voix sur les enjeux prioritaires ciblés par le milieu théâtral a eu lieu.
 
Le Parti Conservateur du Québec a fait le choix de ne pas élaborer de propositions pour la culture dans sa plateforme électorale, puisqu'il désire d'abord procéder à une consultation avec le milieu afin de connaître les besoins des artistes, des artisan.e.s et des travailleur.euse.s culturels. Cette consultation aura lieu à la suite des élections du 3 octobre prochain et des propositions pourront être présentées à ce moment.
 
Lorsque l’on consulte le document Liberté 22 : Plateforme Parti conservateur du Québec 2022, on ne trouve effectivement rien au sujet des arts et de la culture. Quant aux propositions adoptées lors du Congrès national des 20 et 21 novembre 2021, on constate que la culture dont il est question est uniquement celle des « Canadiens français de souche ». « Le Parti conservateur du Québec est enraciné dans une continuité́, celle de la nation canadienne-française, et veillera à̀ promouvoir la langue de ceux qui ont bâti et façonné́ cette nation ». Selon le PCQ, la culture de cette « nation canadienne française » est en danger : « La culture québécoise de nos ancêtres qui ont bâti le Québec sera toujours menacée d'effritement », par conséquent « tout doit être fait pour la conserver et l’honorer ». Étant donné que « les taux d’immigration actuellement appliqués au Québec sont parmi les plus élevés au monde », selon le PCQ, ce dernier croit qu’il faut « sélectionner les immigrants permanents en fonction de leur compatibilité́ civilisationnelle (valeurs occidentales et capacité d’intégration à la culture québécoise) et leur connaissance avérée de la langue française ».
 
Ce sont les seuls propos du PCQ au sujet de la « culture québécoise ». On ne retrouve rien qui concerne les arts et spectacles.

 


Pour toute question relative au questionnaire veuillez contacter Éric Dussault, Responsable des stratégies politiques et de la recherche, à l’adresse : politique@cqt.qc.ca
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